CANTIQUE A SAINT-CARADEC

 
 
1.  A jamais, dans notre mémoire,
Chrétiens, gravons en traits de feu
L'admirable et touchante histoire
De Caradec aimé de Dieu.
 
Refrain :
Chantez, échos du sanctuaire,
Chantez sa gloire et ses vertus ;
Il règne au sein de la lumière,
Il règne au Ciel près de Jésus.
 
2.  L'ile des saints fut sa patrie
Il vit le jour dans un palais,
Son père régnait en Cambrie
Aimé, chéri, de ses sujets.
 
3. Du vain éclat qui l'environne,
Méprisant les charme s trompeurs,
Il foule aux pieds sceptre et couronne
Et les plaisirs et les honneurs.
 
4. C'est la pauvreté qu'il embrase;
Quittant ses habits somptueux,
D'un pauvre il obtient la besace,
Les haillons, le bâtons noueux.
 
5. Fuyant sa royale demeure
D'un  désert il fait son séjour;
Là, vers Dieu, son âme à toute heure
Vole sur l'aile de l'amour.
 
6. Dans sa pieuse solitude,
Brûlant d'un invincible feu ,
Il trouverait la béatitude,
Loin des hommes, près de son Dieu.
 
7. Mais tant d'ombres couvrent la terre!
Laisserez-vous sous le boisseau,
O Dieu d'amour et de lumière,
Ce radieux et pur flambeau ?
 
8. Non, non, de la Bonne-Nouvelle,
Il sera l'humble messager,
Il s'en ira, brûlant de zèle,
Sous plus d'un ciel la propager.
 
9. Voici que soudain le réveille,
Un jour qu'il reposait joyeux,
Une voix, - ô douce merveille !
Une voix descendait des Cieux.
 
10. "Va, quitte ce lieu solitaire,
"Beaucoup mieux, loin de ton pays,
A  la gloire de Dieu ton père
" Tu travailleras, ô mon fils!
 
11. "Avec Patrice en Hibernie
"Va de nouveau planter la Croix,
"Publier la gloire infinie
"Du rédempteur, du roi des rois."
 
12. Et Caradec, brulant de zèle,
Prêt à tout souffrir pour son Dieu,
Docile à la voix qui l'appelle
A sa cellule dit adieu.
 
13. Méprisant dangers et obstacles,
S'immolant la nuit et le jour,
Il s'en va, semant les miracles,
prêcher la Croix, prêcher l'amour.
 
14. Bientôt, il rêve la conquête
De tout un monde à Jésus-Christ :
Il marche, il court, rien ne l'arrête
Il touche, il éclaire, il instruit.
 
15. On dit que, vers notre patrie
Se tournent son cœur et ses yeux :
Saluons la barque bénie
Qui porte l'envoyé des cieux.
 
16. Il vient!  ... la grâce l'accompagne;
Il vient, l'apôtre au cœur de feu,
Tressaille de joie, ô Bretagne !
Tu vas connaître le vari dieu.
 
14. Non loin de ces plaines fertiles,
Alors désert silencieux,
Où l'Oust roule ses eaux tranquilles
Se fixe notre bienheureux.
 
 
18. Bientôt, un vaste monastère
Du saint abrite les enfants,
Séjour de paix ou la prière
S'élève comme un pur encens.
 
19. Ce lieu béni, nouveau cénacle,
Devient un foyer lumineux
Où Caradec comme un oracle,
Est vénéré de nos aïeux.
 
20. Par tous les chemins d'Armorique
Ses fils, secondant ses dessins,
Vont prêcher la foi catholique
Et comme lui former des saints.
 
21. O forêts ! vallons solitaires,
Sentiers ombreux, révélez-nous
Le zèle, les vertus austères
De ces moines au cœur si doux.
 
22. Comme une sœur, comme une amie,
 Caradec attendait la mort ;
Vers le ciel, sa douce patrie,
Il brulait de prendre l'essor.
 
 
23.En souriant, l'âme ravie,
Un jour, il parut s'endormir :
C'était le terme de sa vie;
Mourir d'amour est-ce mourir? ...
 
24. De ce grand saint famille aimée
Gardons la foi, divin trésor,
L'ardente foi par lui semée
Jadis dans notre cher Arvor.
 
25. La vie est triste et passagère,
Haut les cœurs ! aspirons aux cieux !
Montrons-nous toujours sur la terre
les dignes fils de nos aïeux.
 
26. Aimons la France, aimons l'Eglise,
Enfants de Dieu, frères des saints
Et répétons notre devise :
Toujours Bretons, toujours chrétien !
 
 
 
 
 
Approuvé et permis d'imprimer.
Saint-Brieuc, le 17 avril 1896.
PIERRE-MARIE
Ev. de Saint-Brieuc et Tréguier.
 
496.- St-Brieuc. Imp. R. Prud'homme