Description de la Mise au tombeau figurant dans le livre "La légende de la vie autour de la mort".
Charmante bourgade du Centre- Bretagne,dans les Côtes d'Armor, Saint Caradec contient dans la crypte de son église paroissiale une belle Mise au tombeau. C'est aussi la mieux signalée. Il suffit de suivre les pancartes pour y accéder. C'est une oeuvre séduisante et d'une belle harmonie.
Le drapé des vêtements est particulièrement soigné. Le contraste est frappant entre le premier et le second plan. Au premier plan, le corps gisant du Christ, fortement marqué par les meurtrissures aux mains et aux pieds. Le visage, posé sur un délicat coussinet, exprime une grande paix, une totale sérénité. Ici le gisant est bien mort.
Les mains croisées du Christ disent sa totale impuissance. Les deux ensevelisseurs s'apprêtent à faire leur tâche. Ils sont comme en concertation.
Le second plan nous montre les personnages désormais traditionnels, les trois Marie et Jean.
Avec des nuances, on pourrait faire la similtude avec la mise au tombeau de Lampaul, avec ici plus de vitalité expressive.

Présentation historique
Au midi de l'église édifiée en 1664, on construisit en 1720 une sacristie sous laquelle fut aménagée une crypte. Mais c'est seulement en 1757 que celle-ci reçut un groupe de sept figures en bois polychrome représentant la Mise au tombeau. Les comptes de la fabrique pour 1758 mentionnent en effet une somme de 350 livres «restant du marché pour les statues du saint sépulcre suivent la quittance du 27 mars dernier de Boulanger sculpteur» (Arch. dép. Côtes-d'Armor, 20 G 520). Ce dernier est connu pour avoir fourni en 1755, avec son confrère Jean Rivoalan dit L'Espérance, menuisier et sculpteur à Quintin, le retable de l'église du Vieux-Bourg et, l'année suivante, les fonts baptismaux du même édifice.
L'ensemble est présenté devant des boiseries et surmonté d'un dais en menuiserie. Si les visages sont relativement peu individualisés, du moins chacun des personnages se distingue-t-il par une gestuelle propre, tout à la fois démonstrative et retenue. On retiendra en particulier le beau mouvement de la sainte femme de gauche (Marie-Madeleine ?). Bien mis en valeur par une restauration récente, le sépulcre de Saint Caradec compte parmi les vraies réussites d'une sculpture régionale, certes éloignée des canons savants prévalant en ces années centrales du XVIIIe siècle, mais capable d'exprimer une piété populaire profonde.
(source : "La légende de la vie autour de la mort" de Philippe BONNET et Claude CHAPALAIN.)
Photographies : Gusti HERVE
Restaurés dans les années1990, les personnages sont le Christ, Joseph d'Arimathie, Jean l'Evangéliste, la Vierge Marie, Marie-Magdeleine, Marie de Magdala et Nicodème.

